
Vous êtes nombreux à avoir été marqués par les propos de Jo Cornelißen lors des 55 ans du jumelage.
Et quand Jo parle, on l’écoute. Son passé de professeur, son histoire personnelle, sa grande culture, sont autant de points de repères pour nous tous.
Je lui passe donc la parole :
« Le 8 mai 1945, la Seconde Guerre mondiale, commencée par l’agresseur allemand, prenait fin en Europe. En Asie, elle devait se poursuivre encore quelques mois, jusqu’au largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Plus de 50 millions de personnes ont perdu la vie et les souffrances de la population civile ont été incommensurables.
Depuis, le 8 mai est célébré comme jour de commémoration dans presque tous les pays de la coalition anti-hitlérienne – en Russie, un jour plus tard, le 9 mai. Après la fin de la guerre, personne ne voulait plus rien avoir à faire avec les Allemands – l’Allemagne national-socialiste était le pays des assassins avec une idéologie raciste et agressive.
En 1945, les Allemands eux-mêmes se considéraient également comme des victimes – victimes de l’expulsion, des bombardements alliés, de la faim et des viols. Ils auraient été séduits par l’idéologie nazie et auraient d’abord refusé toute responsabilité dans la catastrophe.
A la fin de la guerre, de nombreuses villes d’Europe centrale étaient des paysages de ruines. Environ 35 millions de personnes ont erré en Europe après la fin de la guerre, fuyant ou cherchant des membres de leur famille ou un endroit où vivre. Environ 14 millions d’Allemands ont fui les territoires orientaux du Reich pour se réfugier à l’Ouest, et des millions de Polonais ont quitté l’Est du pays pour se rendre également à l’Ouest, où ils ont reçu les logements des Allemands expulsés. Plus de 11 millions de travailleurs forcés, qui avaient fait tourner la machine de guerre allemande dans l’industrie et l’agriculture, attendaient une possibilité de rentrer chez eux, dont des dizaines de milliers de Françaises et de Français.
L’Allemagne, en tant que pays souverain, disparut de l’histoire et de la carte pendant quatre ans. Les quatre puissances victorieuses prirent le contrôle de tous les domaines jusqu’à ce que, dans le cadre de la guerre froide naissante, les trois alliés occidentaux – les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France – se mettent d’accord sur la création d’un État ouest-allemand qui n’était que partiellement souverain, et que l’Union soviétique procède à la création de la RDA dans sa zone. Les deux États ont été progressivement intégrés dans les alliances de l’Ouest et de l’Est, ce qui rendait la réunification allemande de plus en plus improbable.
En République fédérale d’Allemagne, il faudra attendre le 8 mai 1985 pour que le président Richard von Weizsäcker, dans son discours commémoratif au Bundestag, parle pour la première fois du 8 mai comme d’un « jour de libération », y compris pour les Allemands – ce qui fut vivement critiqué par les associations d’expulsés et certains députés conservateurs.
En juillet 1962, le président de Gaulle se rendit en République fédérale. Dans trois discours importants à Ludwigsburg près de Stuttgart, sur la place du marché de Bonn et sur les rives du Rhin à Düsseldorf, il s’est adressé en allemand, surtout à la jeunesse allemande. Une vague d’enthousiasme parcourut l’Allemagne – un chef d’État dont le pays avait lui-même été la cible de crimes allemands atroces (le massacre d’Oradour sur Glane, par exemple, remontait à 18 ans à peine !).
De Gaulle parlait de coopération et de réconciliation et ne mentionnait ni la Shoah ni l’occupation. Le traité de l’Élysée du 22 janvier 1963 a posé la première pierre d’une étroite coopération économique, politique et culturelle entre nos deux pays ; l’Office franco-allemand pour la jeunesse a permis de financer nombre de nos échanges.
Mais en politique intérieure allemande, une déchirure a traversé les trois partis des chrétiens-démocrates, des libéraux et des sociaux-démocrates, entre les « transatlantiques » et les « francophiles » : fallait-il se lier plus étroitement à la France et moins aux Etats-Unis en matière de politique étrangère ? Cette question reste encore d’actualité aujourd’hui.
La suite est connue : Mon père, qui avait alors entendu de Gaulle s’exprimer à Düsseldorf, a repris avec enthousiasme l’idée d’un partenariat avec une commune de Bretagne en 1967 – ce que les orateurs précédents viennent d’expliquer en détail. »








Wir waren alle von der Rede von Jo Cornelißen anlässlich des 55 Jahrestages unserer Städtepartnerschaft gerührt. Wenn Jo spricht, hören alle zu: seine Karriere als Lehrer, seine persönliche Geschichte und seine große Kultur sind für uns alle Meilensteine.
Ich gebe ihm also hier das Wort:
« Am 8. Mai 1945 endete der vom Aggressor Deutschland begonnene Zweite Weltkrieg in Europa. In Asien sollte er noch einige Monate weiter andauern bis zum Abwurf der Atombomben auf Hiroshima und Nagasaki. Über 50 Millionen Menschen verloren ihr Leben und das Leiden der Zivilbevölkerung war unermesslich.
Der 8. Mai wird seither in fast allen Ländern der Anti-Hitler-Koalition als Gedenktag begangen – in Russland einen Tag später am 9. Mai. Nach Kriegsende wollte niemand mehr etwas mit den Deutschen zu tun haben – das nationalsozialistische Deutschland war das Land der Mörder mit einer rassistischen und aggressiven Ideologie.
Die Deutschen selbst sahen sich 1945 auch als Opfer – Opfer von Vertreibung, alliierten Bombenangriffen, Hunger und Vergewaltigungen. Sie seien von der NS-Ideologie verführt worden und lehnten jede Verantwortung für die Katastrophe zunächst ab.
Bei Kriegsende waren viele Städte in Mitteleuropa Trümmerlandschaften. Rund 35 Millionen Menschen irrten nach Kriegsende in Europa umher auf der Flucht oder auf der Suche nach Familienangehörigen oder einer Bleibe. Etwa 14 Millionen Deutsche flüchtetet vor der sowjetischen Besatzung aus den Ostgebieten des Reiches nach Westen, Millionen Polen aus dem Osten des Landes ebenfalls nach Westen, wo sie die Wohnungen der vertriebenen Deutschen erhielten. Über 11 Millionen Zwangsarbeiterinnen und Zwangsarbeiter, die die deutsche Kriegsmaschinerie in Industrie und Landwirtschaft in Gang gehalten hatten, warteten auf eine Möglichkeit der Heimkehr nach Hause, darunter Zehntausende Französinnen und Franzosen.
Deutschland verschwand als souveränes Land für vier Jahre aus der Geschichte und von der Landkarte. Die vier Siegermächte übernahmen die Kontrolle aller Bereiche, bis im ausbrechenden Kalten Krieg die drei Westalliierten USA, Großbritannien und Frankreich die Gründung eines nur teilweise souveränen westdeutsche Staates vereinbarten und die Sowjetunion in ihrer Zone die Gründung der DDR vornahm. Beide Staaten wurden schrittweise in die Bündnisse des Westens und des Ostens integriert, wodurch ein deutsche Wiedervereinigung als immer unmöglicher erschien.
In der Bundesrepublik Deutschland sollte es noch bis zum 8. Mai 1985 dauern, bis als Bundespräsident Richard von Weizsäcker in seiner Gedenkrede im Bundestag erstmals vom 8. Mai als einem „Tag der Befreiung“ auch für die Deutschen sprach – heftig kritisiert von den Vertriebenenverbänden und einigen konservativen Abgeordneten.
Im Juli 1962 besuchte Staatspräsident de Gaulle die Bundesrepublik. In drei bedeutenden Reden in Ludwigsburg bei Stuttgart, auf dem Bonner Marktplatz und am Rheinufer in Düsseldorf wandte er sich in deutscher Sprache vor allem an die Jugend Deutschlands. Eine Welle der Begeisterung ging durch Deutschland- hier sprach ein Staatschef, dessen Land selbst Ziel grausamer deutscher Verbrechen war (z. B. die Verbrechen in Oradour sur Glane lagen gerade mal 18 Jahre zurück!).
De Gaulle sprach von Kooperation und Versöhnung und erwähnte weder die Shoah noch die Besatzung. Der Elysée-Vertrag vom 22. Januar 1963 legte den Grundstein für die enge wirtschaftliche, politische und kulturelle Zusammenarbeit unserer Länder; das Deutsch-Französische Jugendwerk für die Finanzierung viele unserer Austausche.
Doch in der deutschen Innenpolitik ging ein Riss durch die drei Parteien der Christdemokraten, der Liberalen und der Sozialdemokraten, zwischen „Transatlantikern“ und „Frankophilen“: sollte man sich außenpolitisch enger an Frankreich binden und weniger an die USA? Diese Frage bleibt noch bis heute aktuell.
Der Rest ist bekannt: Mein Vater, der damals in Düsseldorf de Gaulle reden hörte, griff mit Begeisterung 1967 die Idee einer Partnerschaft mit einer Gemeinde in der Bretagne auf – das haben meine Vorredner eben detailliert erläutert. »

